A l’assemblée

Néonicotinoïdes : explications de mon vote contre la dérogation

Publié le 07-10-2020

Le projet de loi, permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes dans les cultures de betteraves sucrières, touchées par la jaunisse due à des pucerons, a été validé par Assemblée nationale le 6 octobre à 313 voix pour, 158 voix contre et 56 abstentions. J’ai décidé à titre personnel de voter CONTRE la réautorisation de ces substances dont l’utilisation est interdite par l’Union européenne.

Une position personnelle, en conscience

Avant tout, un mot pour regretter une forme de dégradation du débat public et dire que sur ce sujet il n’y a pas d’un côté d’affreux lobbyistes dénués d’intérêt pour l’environnement et de l’autre des idéologues fossoyeurs d’une filière mais des arguments en balance, des convictions et des incertitudes et pour chaque député un choix en conscience.

Ces derniers jours j’ai beaucoup lu, échangé avec agriculteurs, apiculteurs, industriels… Voici résumés quelques éléments qui ont guidé mon choix :

  1. La filière betterave est percutée par différents problèmes dont la fin des quotas européens, la surproduction mondiale et l’effondrement des prix. Réintroduire un produit nocif et interdit est un miroir aux alouettes qui n’est pas une solution aux problèmes structurels de la filière.
  2. L’aide à la filière est indispensable, tout le monde s’y accorde. Le choix devant nous était donc l’enveloppe dans laquelle nous puisions : coût écologique avec les néonicotinoïdes ou coût financier avec des mesures de soutien à la plantation de betteraves sucrières. Faire payer à l’environnement, à la biodiversité, les problèmes divers qui ont conduit à la situation actuelle me semble être la pire des solutions.
  3. La dérogation introduit un précédent qui entretient l’idée que, devant la difficulté, il est acceptable de choisir délibérément de détruire l’environnement. Cela me semble ouvrir la voie à d’autres remises en cause, nécessairement périlleuses.